L’usage de substances coûte près de 46 milliards de dollars par année au Canada, selon de récentes données
L’alcool et le tabac causent le plus de méfaits – et représentent 63 % des coûts totaux.
Ottawa, 7 juillet 2020 — L’usage de substances coûte à la société canadienne près de 46 milliards de dollars par année (2017), soit près de 1 258 $ pour chaque personne au pays, selon le rapport Coûts et méfaits de l’usage de substances au Canada (2015-2017). Ces données ont été rendues publiques aujourd’hui par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) et l’Institut canadien de recherche sur l’usage de substances (ICRUS) de l’Université de Victoria.
L’alcool et le tabac continuent de coûter plus chers à l’économie et à la santé publique au Canada que toutes les autres substances combinées. Leur consommation a contribué à la majeure partie (63 %) des coûts et à plus de 66 000 décès évitables en 2017. Il était aussi évident que le pays traverse une crise des opioïdes : plus de 5 000 décès attribuables aux opioïdes ont été enregistrés en 2017. Les chercheurs ont aussi constaté une hausse de l’usage de cocaïne et de méthamphétamine.
« L’alcool et le tabac ont contribué à 89 % des 277 060 admissions à l’hôpital et à 76 % des 751 356 années potentielles de vie productive perdues à cause de l’usage de substances en 2017 », a affirmé Tim Stockwell, Ph.D., directeur de l’ICRUS et chercheur principal de l’étude. « Il y a eu un assouplissement des politiques sur l’alcool pendant la pandémie de COVID-19 et une hausse démontrée de la consommation, d’où une probable augmentation des coûts et méfaits. Il est urgent d’adopter des politiques plus efficaces pour mieux réduire les méfaits liés à ces deux substances légales de consommation courante. »
L’étude analyse les coûts de l’usage de substances selon quatre grandes catégories. Ainsi, les coûts de perte de productivité se chiffraient à 20,0 milliards de dollars (44 % du total) et ceux de soins de santé, à 13,1 milliards (28 %). La justice pénale se classait au troisième rang des coûts liés à l’usage de substances, avec 9,2 milliards (20 %), alors que les autres coûts directs, eux, représentaient 3,6 milliards de dollars (8 %).
« Le Canada vit actuellement un moment charnière en matière de politiques sur l’usage de substances », a expliqué Matthew Young, analyste principal, Recherche et politiques, CCDUS. « Quelques provinces et territoires ont considérablement assoupli les restrictions encadrant la vente et l’accessibilité de l’alcool. Nous tentons aussi d’évaluer les conséquences associées au cannabis légal non médical. Le pays traverse toujours une crise des opioïdes, plusieurs régions signalent une hausse des méfaits liés à la méthamphétamine, et nous avons été touchés par une pandémie qui a ébranlé notre paysage social. Nous devons absolument continuer à surveiller les effets qu’ont ces événements sur l’usage de substances au Canada. Les données probantes issues de notre projet serviront de base aux politiques sur l’usage de substances et nous aideront à évaluer le succès de ces politiques. »
Cette étude exhaustive porte sur les coûts et les méfaits associés à l’usage de différentes substances (alcool, tabac, cannabis, opioïdes et dépresseurs du système nerveux central [SNC], cocaïne et stimulants du SNC, et d’autres substances comme les hallucinogènes et les produits inhalés). L’étude présente des estimations pour les années 2015 à 2017 (la plus récente année pour laquelle des données sont disponibles).
Les données ont servi à actualiser l’outil de visualisation des coûts et méfaits de l’usage de substances, qui permet à l’utilisateur d’explorer et de comparer les coûts et méfaits au Canada et de créer et télécharger des graphiques, des cartes et des tableaux personnalisés.
Tim Stockwell, Ph.D., directeur de l’ICRUS de l’Université de Victoria et professeur de psychologie à cette même université, a publié plus de 400 articles de recherche, chapitres de livres et monographies, ainsi que plusieurs ouvrages sur la prévention et le traitement de l’usage de substances. Il a été clinicien et chercheur au Royaume-Uni avant de travailler à l’Institut national de recherche sur les drogues de l’Australie pendant 16 ans comme directeur. M. Stockwell est membre de la Société royale du Canada et a reçu la bourse commémorative E.M. Jellinek 2013, prix international remis pour souligner la recherche exceptionnelle faite sur les aspects sociaux, culturels et politiques de l’alcool, et un prix du leadership 2014 de Recherche Canada, au nom de l’ICRUS.
Matthew M. Young, Ph.D., est analyste principal, Recherche et politiques, CCDUS, et professeur auxiliaire de recherche en psychologie à l’Université Carleton. Il travaille dans le domaine des dépendances et de l’usage de substances depuis plus de 20 ans et pilote les activités de recherche du CCDUS sur l’épidémiologie de la consommation de drogue. En plus d’être chercheur principal de l’étude sur les coûts et méfaits de l’usage de substances, M. Young est conseiller principal du Réseau communautaire canadien d’épidémiologie des toxicomanies et est à la tête des travaux du CCDUS sur les nouvelles substances psychoactives.
Le CCDUS a été créé par le Parlement afin de fournir un leadership national pour aborder la consommation de substances au Canada. À titre d’organisme digne de confiance, il offre des conseils aux décideurs en profitant du pouvoir des recherches, en cultivant les connaissances et en rassemblant divers points de vue. Pour en savoir plus : www.ccdus.ca
L’ICRUS (autrefois le Centre de recherche en toxicomanie de la C.-B.) est un réseau d’intervenants et de groupes se consacrant à l’étude de l’usage de substances et des dépendances pour contribuer aux efforts collectifs de promotion de la santé et de réduction des méfaits. La recherche qui y est faite est utilisée dans de nombreux projets, rapports, publications et initiatives qui aident les Canadiens à vivre une vie saine et heureuse, qu’ils consomment ou non des substances. Pour en savoir plus : www.uvic.ca/cisur